Page:Sand - La dernière Aldini. Simon.djvu/51

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à la pousser jusqu’au canal des Maranes, d’où je la ramenai rapidement au palais.

Que j’étais heureux en posant le pied sur la première marche ! Je ne songeais pas plus au palais qu’à la fortune de Bianca ; c’était elle que je portais dans mes bras, qui, désormais, était mon bien, ma vie, ma maîtresse dans le sens noble et adorable du mot ! Mais là finit ma joie. Salomé parut au seuil de cette maison consternée, où personne n’avait dormi depuis la veille. Salomé était pâle, on voyait qu’elle avait pleuré ; c’était peut-être la seule fois de sa vie. Elle ne se permit pas d’interroger sa maîtresse : peut-être avait-elle déjà lu sur mon front la raison qui m’avait fait trouver cette nuit si courte. Elle avait été bien longue pour tous les autres habitants du palais. Tous croyaient qu’un accident funeste était arrivé à leur chère patronne. Plusieurs avaient erré toute la nuit pour nous chercher ; d’autres l’avaient passée en prières, à brûler de petites bougies devant l’image de la Vierge. Quand l’inquiétude fut apaisée et la curiosité satisfaite, je remarquai que les idées prenaient un autre cours et les physionomies une autre expression. On examinait la mienne, et les femmes surtout, avec une avidité blessante. Quant au regard de Salomé, il était si accablant que je ne pouvais le supporter. Mandola arriva de la campagne au milieu de cette confusion. Il comprit en un instant de quoi il s’agissait ; et se penchant vers mon oreille, il me supplia d’avoir de la prudence ; je feignis de ne pas savoir ce qu’il voulait dire ; je m’efforçai de supporter ingénument toutes les investigations des autres. Mais, au bout de quelques instants, je ne pus résister à mon inquiétude, je m’introduisis dans l’appartement de Bianca.

Je la trouvai baignée de larmes auprès du lit de sa fille. L’enfant avait été éveillée au milieu de la nuit par