Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/154

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les œufs les plus délicats et les fruits les plus agréables.

Il nous eût été facile de nous régaler de viande, les oiseaux étaient aussi peu farouches que ceux de l’îlot de Kennedy ; mais personne n’y songea d’abord, tant la première faim était impérieuse. Quand elle fut apaisée, nos Esquimaux, qui avaient appris la prévoyance à force de dangers et de terreurs, voulurent tordre le cou à ces pauvres oiseaux, qui nous reprochaient avec des cris pleins d’éloquence le rapt de leurs œufs. Nasias, cette fois, s’opposa énergiquement au meurtre.

― Mes amis, dit-il, ici on ne tue pas ; il faut vous le tenir pour dit. La terre produit en abondance tout ce qui est nécessaire à l’homme, et l’homme n’y a pas d’ennemis, à moins qu’il ne s’en fasse.

Je ne sais si nos compagnons comprirent cette admonition, que je jugeai excellente ; vaincus par le sommeil, ils s’endormirent sur le sol, qui était formé d’une fine poussière de talc. Je fis comme