Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/157

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plorer notre île, car c’est bien une île éloignée de tout continent visible et creusée en coupe, comme je te l’avais annoncé ; seulement, il y a, au milieu, un volcan d’une hauteur prodigieuse ; mais c’est un phare naturel de lumière électrique et rien de plus.

Toute objection, toute récrimination étaient parfaitement inutiles. J’étais seul dans ce monde inconnu avec un être plus fort, plus intelligent, plus implacable et plus croyant que moi. Il n’y avait pas à le combattre, mais à l’égaler, s’il m’était possible.

Je jetai un dernier regard en arrière, et, en montant sur une éminence, je revis le lieu de notre abordage. Soit que la mer les eût mises en poussière, soit que Nasias les eût sauvées et cachées, il n’y avait plus trace de nos embarcations. Quant aux hommes, qu’étaient-ils devenus ? L’empreinte même de leurs pas sur le sable était effacée. Je regardai à mes pieds, et j’y vis de légères flaques de sang ; mes mains en étaient imprégnées. Je frissonnai en me demandant si, comme mes mal-