Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/196

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entre le ciel de l’amour idéal et le respect de la réalité qui fait la vertu et le dévouement de tous les jours. J’ai été fou de scinder ta chère et généreuse individualité, ton moi honnête, aimant et pur. Pardonne-moi. J’ai été malade, j’ai écrit mes rêves, et je les ai pris au sérieux. Au fond, je n’en étais peut-être pas absolument dupe ; car, au milieu de mes plus fantasques excursions, je te sentais toujours près de moi. Renonce à Walter, je le veux, car je sais qu’en t’estimant il ne t’apprécie pas tout ce que tu vaux. Tu mérites d’être adorée, et je prétends m’habituer à te voir à la fois dans le prisme enchanté et dans la vie réelle, sans que l’un fasse pâlir l’autre.

En parlant ainsi, je me levai et je vis se dissiper la vision du monde souterrain. Devant moi, par la porte ouverte du pavillon que j’habite à Fischhausen, s’ouvrait le beau jardin botanique, inondé du soleil de juin ; une fauvette chantait dans un syringa grandiflora, et le bouvreuil favori de ma cousine vint se poser sur mon épaule.

Avant de franchir la porte du pavillon, je jetai