Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/198

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― Nasias ? dit le gros homme en riant. Est-ce un compliment ou une métaphore ? Je ne suis pas érudit, je t’en avertis, mon cher neveu ; mais je suis un brave homme. J’ai fait honnêtement mon petit commerce ambulant d’horlogerie, de joaillerie et d’orfèvrerie. J’y ai gagné de quoi établir ma fille et lui donner le mari qu’elle aime. Je vais me fixer dans la maison de campagne où vous avez été élevés ensemble, et où vous viendrez me voir le plus souvent que vous pourrez, et tous les ans, j’espère, aux vacances. Aime-moi un peu, aime beaucoup ma fille, et appelle-moi papa Christophe, puisque c’est mon unique et véritable nom. Il est moins sonore que celui de Nasias peut-être ; mais je ne te cache pas que je l’aime mieux, je ne sais pas pourquoi.

Je serrai dans mes bras cet homme excellent qui m’acceptait pour gendre, jeune, pauvre, encore sans état, et, dans l’élan de ma reconnaissance, je songeai à lui offrir un diamant gros comme mes deux poings qu’avant de quitter l’abîme polaire j’avais machinalement détaché du roc