Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/199

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et mis dans ma poche. Ce diamant, d’une grosseur insignifiante eu égard aux proportions du gisement, représentait dans le monde où nous vivons un échantillon sans pareil et une fortune sans rivale. J’étais si ému, que je ne pouvais parler ; mais je tirai ce trésor de ma poche et le plaçai dans les mains de mon oncle en les serrant avec les miennes, pour lui faire comprendre que j’entendais tout partager avec lui sans compter.

― Qu’est-ce que cela ? dit-il.

Et, comme il ouvrait les mains, je reconnus en rougissant que c’était la boule de cristal taillé placée comme ornement au bout de la rampe d’escalier de mon pavillon.

― Ne le croyez pas fou, dit Laura à son père. Ceci est une abjuration symbolique et solennelle de certaines fantaisies qu’il veut bien me sacrifier.

En parlant ainsi, la généreuse Laura prit le cristal et le brisa en mille pièces contre l’appui extérieur de la croisée. Je la regardai, et je vis qu’elle m’examinait avec une certaine inquiétude.