Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/230

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Qu’eût-il fallu pour sauver ce grand esprit abandonné à la dérive ? Un ami, un confesseur qui l’eût réconcilié avec lui-même en lui inspirant le véritable repentir. Ah ! que l’expiation eût été plus douce, seul à seul aux pieds du Christ, avec ce prêtre priant et pleurant avec lui ! comme cela eût été simple, édifiant et facile, au prix de cet aveu public qui l’a plongé dans une éternelle honte et dans les atroces douleurs qui conduisent au suicide !

» Oui, je dirai avec vous : « Pauvre Jean-Jacques ! » Je le plains réellement, ne me demandez pas de l’aimer. Il a trop d’orgueil. Et ce n’est même pas de l’orgueil, c’est de la vanité. Il eût peut-être consenti à revenir à la véritable Église et à plier les genoux devant un prêtre, s’il eût compris que ce médecin de l’âme avait la puissance de le guérir ; mais qu’eût dit ce monde de libertins et d’athées que Rousseau feignait de mépriser, et qu’il voulait éblouir par un trait d’audace inouie ? Une obscure et discrète conversion eût fait rire tous ces beaux messieurs ! Il