Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/233

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lité prodigieuse, n’ont peut-être pas été étrangères à son abdication, si tôt révoquée, et à ces hésitations dont l’esprit clérical de 1816 lui a fait de si monstrueux parjures ; car, soit dit en passant, si l’illustre captif de l’île d’Elbe fut revenu incognito en France à cette époque, il s’y serait vu si salement vilipendé, qu’il eût peut-être pris, comme Rousseau, la société en horreur et l’humanité en dégoût. Qui sait si alors l’esprit le plus lucide et le plus puissant du siècle n’eût point été atteint et détérioré beaucoup plus que ne le fut celui de Jean-Jacques dans ses dernières années ?

» Admettez donc que les plus grands hommes sont généralement voués à la plus terrible destinée, et qu’il n’y a point à s’étonner si la raison de plusieurs y a succombé entièrement : le Tasse, Pascal, et tant d’autres ont réjoui le vulgaire du spectacle de leurs jours de démence, car le vulgaire aime à voir tomber les riches dans la misère, les rois dans l’exil et les grands esprits dans le désespoir. C’est par là qu’il se console de n’être ni intelligent ni puissant, et tout échafaud dressé