Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/240

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un seul vice ; elle gagnera à mon récit tout ce que mon silence lui ferait perdre. » Et ce vice même qu’il avoue, il l’atténue avec une puissance d’analyse et une recherche d’examen vraiment admirables. Il montre qu’elle n’était réellement pas vicieuse, mais plutôt folle de sang-froid, égarée par un sophisme fort répandu à cette époque, sophisme funeste qui avait détruit en elle, comme chez tant d’autres plus haut placées, le sens moral de l’amour. Claude Anet est devenu si vague dans les souvenirs de la localité, que quelques personnes ont révoqué en doute son existence. Rousseau ne pouvait prévoir que leur vie des Charmettes s’effacerait ainsi. On avait trahi tous les secrets qu’il avait confiés. Il dut penser que celui-là deviendrait la risée de ses ennemis, il le dévoila, mais en quels termes pénétrés d’affection et pénétrants de vérité ! Comme il nous a fait aimer et respecter cette humble figure du serviteur devenu le maître de la maison par la force de son intelligence et la dignité de son caractère ! Certes dans cette étrange association il y avait trois coupables ; mais, comme on voit bien qu’il