Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/301

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ques nuits : résolution terrible, impossible à prendre. Il y reste, il y est, il y mourra. Il est content et ne veut être servi par personne. Levé avec le jour, couché avec lui, il fait lui-même sa maigre soupe ; il lui faut si peu ! Il va voir son pré, son carré de légumes. Il les contemple, il n’a pas besoin de se baisser pour toucher sa terre, ses mains y adhèrent aussi facilement que ses pieds. Il ramasse une branche morte, il gratte le sol avec une vieille pioche ébréchée. Peut-être que ce vieil outil est un dieu aussi. Il rêve, il croit travailler. Il rentre et s’enferme. Dort-il, ou est-il mort ? On n’entend pas un souffle s’échapper de cette demeure sombre. Aucune petite lueur ne tremblote à la fenêtre. Il n’a plus un chien, plus un chat, plus une poule, il est seul f Autant dire qu’il n’est plus.

Aimes-tu mieux le ravin vu d’en haut ou vu d’en bas ? Moi, je ne sais pas encore. Quand, du carrefour de la croix des Chocats et du tournant de ce chemin, où, quoi qu’on fasse, on est saisi par le vertige, ma vue plonge dans cette scène riante et