Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/312

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talent en une seule, ses deux ailes sont d’égale longueur. Sa prose est aussi belle que ses plus beaux vers, son expression est immense sans être difforme, ses images sont éblouissantes sans êtres confuses. On l’aborde toujours avec un certain effroi, comme on aborde la mer ; mais on se calme à mesure qu’on avance. Cet océan gronde toujours aussi haut, mais il est, d’un horizon à l’autre, harmonie et limpidité ; il vous communique sa force, il remplit votre esprit de sa splendeur. Vous vous sentez tout à coup de force vous-même à vous confier à cette grande houle qui chante comme Amphion, et vous abordez à tous les rivages qu’elle bat ou caresse, sans craindre les monstres qui menacent, sans méconnaître les esprits célestes qui sourient.

Il a écrit ce livre pour dire que la poésie est aussi nécessaire à l’homme que le pain. Tout ce qu’il dit le prouve ; mais ce qui le prouve plus que tout, la preuve des preuves, c’est la beauté du livre. On sent qu’avec lui on monte un échelon au-dessus de soi-même, et, si l’on ne craignait l’orgueil, on ose-