Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/325

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s’évanouir, se pencher vers lui, le lécher et le couvrir de larmes. Le mot à d’instinct, qui ne signifie absolument rien, m’a toujours indigné. Si l’animal n’est pas perfectible comme nous, c’est qu’il n’a pas besoin de l’être. Pour satisfaire ses passions, ses affections et ses besoins, il sait tout ce que nous savons, et plus encore, car un sens mystérieux, des organes plus déliés, lui révèlent des choses que nous ignorons. Il s’oriente toujours à coup sûr. Un oiseau, un chien, parcourent des distances énormes au sortir d’une cage ou d’un wagon fermés qui les ont emportés loin de leur gîte ordinaire sans leur permettre d’observer les accidents du chemin. Aussi, ce n’est pas par le même chemin qu’ils s’en retournent, ils vont en ligne directe et sans se tromper. Si c’est là ce qu’on appelle l’instinct, à la bonne heure, c’est une condition de supériorité ; mais il ne faut pas dire qu’ils ont l’instinct à défaut de l’intelligence, de la mémoire, de l’observation et du raisonnement, car ils ont tout cela et l’instinct en plus.

D’ailleurs, je le vois et je le crois maintenant,