Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/44

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comme la plus claire des gemmes, et mes regards, habitués déjà aux splendeurs du monde nouveau qu’elle m’avait révélé, ne pouvaient encore supporter le rayonnement qui semblait émaner d’elle.

― Ma chère Laura, lui dis-je, je commence à comprendre. Pourtant, voici là-haut, bien loin d’ici, et tout autour de l’horizon qui nous enferme, des pics de glace et des plaines de neige…

― Regarde la petite géode, dit Laura en me la mettant dans la main ; tu vois bien que les cristaux du pourtour sont limpides comme la glace et veinés de nuances opaques blanches comme la neige. Viens avec moi, et tu verras de près ces glaciers éternels où le froid est inconnu et où la mort ne peut nous surprendre.

Je la suivis, et ce trajet que j’estimais devoir être de plusieurs lieues fut parcouru en si peu d’instants, que je n’en eus pas conscience. Nous fûmes bientôt sur la cime la plus élevée du grand pic de glace, qui n’était en réalité qu’un colossal prisme de quartz hyalin laiteux, ainsi que le témoignait, en une maniable réduction, la géode que je tenais