Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/43

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gardais, mieux je m’habituais à en supporter l’éclat, et peu à peu il devint aussi doux pour mes yeux que la verdure des bois et des prairies de nos régions terrestres. J’y remarquais avec surprise des formes générales qui me rappelaient celles de nos glaciers, et bientôt même les moindres détails de cette cristallisation gigantesque me devinrent aussi familiers que si je les avais cent fois explorés dans tous les sens.

― Tu vois bien, me dit alors ma compagne en ramassant une des pierres brillantes qui gisaient sous nos pieds, tu vois bien que ce massif de montagnes creusé en cirque est tout pareil à ce caillou évidé par le milieu. Que l’un soit petit et l’autre immense, la différence n’est guère appréciable dans l’étendue sans bornes de la création. Chaque joyau de ce vaste écrin a sa valeur sans rivale, et l’esprit qui ne peut associer dans son amour le grain de sable à l’étoile est un esprit infirme, ou faussé par la trompeuse notion du réel.

Était-ce Laura qui me parlait ainsi ? Je cherchai à m’en rendre compte ; mais elle brillait elle-même