Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/61

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révéler à moi subitement, ne crois pas un mot de ce que je t’ai dit devant notre oncle. C’est lui qui, voyant que nous nous aimions, et que tu étais encore trop jeune pour te marier, a imaginé cette fable pour t’empêcher de te distraire de tes études ; mais, sois tranquille, je n’aime pas Walter, et je ne serai jamais qu’à toi.

― Ah ! ma chère Laura, m’écriai-je, te voilà donc enfin redevenue brillante d’amour et de beauté, comme je t’ai vue dans l’améthyste ! Oui, je crois, je sais que tu m’aimes, et que rien ne peut nous désunir. D’où vient donc que, dans notre famille, tu te montres toujours si incrédule ou si railleuse ?

― Je pourrais te demander aussi, répondit-elle, pourquoi, dans notre famille, je te vois laid, gauche, ridicule et mal vêtu, tandis que, dans le cristal, tu es beau comme un ange et drapé dans les couleurs de l’arc-en-ciel ; mais je ne te le demande pas, je le sais.

― Apprends-le-moi. Laura ! Toi qui sais tout,