Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/79

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regardant avec dédain. Ferveur de novice, mon petit ami ! C’est fort bien vu de prendre à cœur les devoirs de son emploi ; mais il faut savoir à qui on s’adresse.

En parlant ainsi, il me saisit par le cou avec une main de fer, sans me serrer plus qu’il n’était nécessaire pour m’empêcher de crier et de me débattre ; il me fit sortir de la galerie, dont je trouvai les portes ouvertes, et il me conduisit jusque dans le jardin sans me lâcher.

Là, il me fit asseoir sur un banc et s’assit à mes côtés en me disant avec un rire aussi étrange que sa figure, son habit et ses manières :

― Ah çà ! fais-moi le plaisir de me reconnaître et de demander pardon à ton oncle Nasias de l’avoir pris pour un crocheteur de portes. Reconnais en moi l’ex-mari de ta tante Gertrude et le père de Laura.

― Vous ! m’écriai-je, vous !

― Nasias est mon nom à l’étranger, répondit-il. J’arrive du fond de l’Asie, où j’ai fait, grâce à Dieu, d’assez bonnes affaires et d’assez précieuses décou-