Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/82

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à coup satisfait. Il reposa la lanterne sur le banc et me dit d’un ton calme :

― Je vois que tu es un honnête garçon et que tu n’as jamais cherché à séduire ma fille. Je vois aussi que tu es un naïf, un sentimental, et que, si tu l’aimes, ce n’est point par ambition ; mais, d’après tes paroles, tu es amoureux et tu voudrais bien me voir rompre le mariage auquel j’ai consenti pour elle. Mets-toi bien dans l’esprit, mon cher neveu, que, si je le rompais, ce ne serait pas à ton profit, car tu n’es qu’un enfant, et je ne trouve dans ta figure aucune énergie spéciale qui promette une destinée brillante. Réponds-moi donc avec désintéressement, tu n’as rien de mieux à faire, et avec sincérité, puisque le hasard t’a fait naître honnête homme : qu’est-ce que ce Walter dont mon beau-frère Tungsténius et sa cousine Lisbeth m’ont écrit un si grand éloge ?

― Walter, répondis-je sans hésiter, est le plus digne garçon du monde. Il est franc, loyal et d’une conduite irréprochable. Il a de l’intelligence, du savoir et l’ambition de se distinguer dans la science pratique.