Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/155

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premiers dans la confédération, étaient humiliés de son échec. Ils l’attribuaient à ses idées françaises et commençaient à prendre ses histrions en horreur. Voilà ce que le prince avait fait entendre à Moranbois, à qui il venait de parler. Il lui avait donné le conseil d’ensevelir Marco dans un petit bois de cyprès qui faisait partie de son domaine particulier, et non dans le cimetière, où il y avait un coin de rebut pour les suppliciés et pour les ennemis de la religion : laquelle ?

Moranbois n’avait pas cru devoir résister. Sachant fort bien que, si nous blessions les croyances du pays, les restes de notre camarade seraient outragés dès que nous aurions le dos tourné, il avait accepté l’offre du prince et creusé lui-même la fosse au lieu que celui-ci lui avait indiqué.

C’était un massif très-touffu où l’on pénétrait par la porte, de derrière de la chapelle, en suivant une sinueuse allée de lauriers et de marasques. Nous pûmes donc, en plein jour, et sans être vus du dehors, transporter notre pauvre mort sous cet impénétrable ombrage. Le prince avait à dessein éloigné tous ses gens de ce point