Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/166

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mettions une conscience exaltée, il daigna nous crier : « Merci, Excellences ! » d’un air de courtoisie dérisoire qui nous fit partir d’un rire nerveux.

— Lui, lui ! s’écria Impéria en tendant au bandit son bracelet de diamants qu’elle était sur le point d’emporter à son bras par mégarde. Ceci pour vous ! sauvez notre ami !

Le drôle sauta comme un chat, prit le bracelet et voulut baiser la main qui le lui tendait.

— Lui, lui ! répéta Impéria en reculant.

— Courez, reprit-il, courez !

Et il disparut.

Il s’en allait à vol d’oiseau, et nous avions un long circuit à faire. Enfin nous arrivâmes éperdus au lieu désigné. Moranbois était là, couché en travers du sentier, toujours bâillonné, évanoui, les mains liées. Nous nous hâtâmes de le délier et de l’examiner. On nous avait tenu parole, on ne lui avait fait aucun mal ; mais les efforts qu’il avait faits pour se dégager l’avaient épuisé. Il fut plus d’une heure sans reprendre connaissance.

Nous l’avions emporté jusqu’à la plaine, car nous avions vu de loin une trentaine de bandits s’abattre sur nos dépouilles, et nous avions peur