Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/167

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qu’il ne leur prit fantaisie de venir nous enlever nos habits, peut-être outrager les femmes. Évidemment ils étaient lâches, puisqu’ils avaient agi par ruse ; mais nous n’étions plus à craindre, grâce au soin qu’ils avaient pris de nous faire abandonner nos armes.

Quand nous nous trouvâmes en vue de quelques misérables habitations, notre première pensée fut d’y courir ; puis nous craignîmes de nous trouver chez des affiliés d’une bande qui venait détrousser les voyageurs à si peu de distance, nous nous jetâmes dans un massif de buis et de lentisques. Nous ne pouvions plus porter Moranbois, nous ne pouvions plus soutenir les femmes. Nous nous laissâmes tous tomber par terre. Moranbois revint à lui, et, au bout d’une heure de repos, où nous n’échangeâmes pas une parole dans la crainte d’attirer de nouveaux ennemis, nous recommençâmes à marcher dans une plaine aride semée de pierres. Nous voulions gagner un petit bois que nous apercevions devant nous, sur la droite de la route ; quand nous y arrivâmes, il faisait nuit.

— Il faut nous arrêter ici ou mourir, dit Bel-