Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/217

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de mon foyer en vous racontant ma vie. Il faut que tout s’éteigne à jamais. Si je me faisais une habitude d’y toucher de temps en temps, je ne serais plus maître de l’incendie. Je vois bien que vous me plaignez : je me laisserais aller à me plaindre, il ne faut pas de ça !

Je me mis à sa disposition pour tous les services que je pourrais être à même de lui rendre, et je lui laissai mon adresse. Il ne m’écrivit jamais, et ne m’accusa même pas réception de quelques volumes qu’il m’avait prié de lui envoyer.

Dix-huit mois s’étaient écoulés depuis mon passage en Auvergne, et j’étais toujours inspecteur des finances ; mes fonctions m’avaient appelé en Normandie, et je me rendais d’Yvetot à Duclair par une froide soirée de décembre, dans une petite calèche de louage.

La route était bonne, et, malgré un temps très-sombre, j’aimais mieux arriver un peu tard à mon gîte que d’être forcé de me lever de grand matin, le point du jour étant la plus cruelle heure du froid.

J’étais en route depuis une heure quand le temps s’adoucit sous l’influence d’une neige très-drue.