Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/218

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Une heure plus tard, le chemin en était tellement couvert, que mon conducteur, qui s’appelait Thomas et qui était un vieil homme un peu indolent, avait peine à ne pas me mener à travers champs. Ses haridelles refusèrent plusieurs fois d’avancer, et enfin elles refusèrent si bien, qu’il nous fallut descendre pour dégager les roues et prendre les bêtes par la bride ; mais ce fut inutilement, nous étions embourbés dans le fossé. C’est alors que M. Thomas m’avoua qu’il n’était plus sur la route de Duclair et qu’il croyait être sur celle qui retourne vers Caudebec. Nous étions en plein bois, sur un chemin très-vallonné ; la neige tombait toujours plus épaisse et nous risquions fort de rester là. Pas une voiture, pas un roulier, pas un passant pour nous aider et nous renseigner.

J’allais en prendre mon parti, me rouler dans mon manteau et dormir dans la voiture, quand M. Thomas me dit qu’il se reconnaissait et que nous étions dans les bois entre Jumiéges et Saint-Vandrille. Ces deux résidences étaient trop éloignées pour que ses chevaux épuisés pussent nous conduire à l’une ou à l’autre ; mais il y avait plus près un château où il était très-connu et où nous recevrions