Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/224

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— Vous le voyez, me dit Laurence quand nous fûmes seuls, rien ne manque à mon déguisement, pas même les valets de la comédie. Ceux-ci se croient amoindris de servir un homme sans titre et sans morgue. Ce sont de grands imbéciles qui me gênent plus qu’ils ne me servent, et qui, je l’espère, me quitteront d’eux-mêmes quand ils verront que je les traite comme des hommes.

— Je crois au contraire, lui dis-je, qu’ils se trouveront peu à peu très-heureux d’être traités ainsi. Donnez-leur le temps de comprendre.

— S’ils comprennent, je les garderai, mais je doute qu’il s’habituent aux manières d’un homme qui n’a pas besoin d’être servi personnellement.

— Ou vous vous habituerez à être servi ainsi. Vous êtes plus aristocrate d’aspect et de manières, mon cher Laurence, qu’aucun châtelain que j’aie rencontré.

— Je joue mon rôle, cher ami ! Je sais comment il faut être devant les domestiques de bonne maison. Je sais que, pour être respecté d’eux, il faut une grande douceur et une grande politesse, car eux aussi sont des comédiens qui méprisent ce qu’ils feignent de vénérer ; mais ne vous y trom-