Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/37

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quiconque en approchait, tant il craignait d’en être dépossédé. À force de tirer sur lui le couvercle, au risque d’étouffer, il le brisa et maugréa d’autant plus.

— C’est bien fait, lui dit Bellamare, rien ne profite aux égoïstes. Vous ferez bien de nous survivre, car, si c’est un autre qui est destiné à ce triste avantage, il ne fera certainement pas votre éloge funèbre.

Pour ne pas entendre l’aigre réponse de Lambesq, il m’emmena un peu plus loin et me dit :

— Mon cher enfant, ce que nous souffrons ici n’est rien, si nous devons en sortir. Je ne veux pas en douter, mais je mentirais si je disais que j’en suis assuré, et, quand même le fait serait évident, je ne pourrais secouer le profond chagrin que me cause la mort plus que probable de Moranbois. C’est la première fois de ma vie que la tristesse est plus forte que ma volonté. Tu es jeune, tu as du cœur et de l’énergie, Léon est un stoïque muet, Marco est un enfant excellent, mais trop jeune pour une telle épreuve. C’est donc à toi de me donner du courage, si j’en manque. Veux-tu me promettre d’être l’homme et le chef de notre pauvre famille