Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/38

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échouée, si Bellamare s’éteint soit dans la mort, soit dans le délire ?

— Vous êtes ingénieux en tout, lui répondis-je, même dans l’enseignement. J’ai compris… Tout à l’heure, je faiblissais, vous trouvez le moyen de me ranimer en feignant de faiblir aussi. Merci, mon ami, je tâcherai, jusqu’à la dernière heure, d’être digne de vous seconder.

Il m’embrassa, et je sentis des larmes sur les joues de cet homme que j’avais toujours vu rire.

— Laisse-moi pleurer comme une bête, reprit-il avec son sourire accoutumé, qui était devenu navrant. Moranbois n’aura pas d’autre adieu que ces larmes d’un ami, peut-être bientôt disparu aussi. Ce rude compagnon de ma vie errante était le dévouement personnifié. Il sera mort comme il devait mourir, celui-là ! Tâchons aussi de bien mourir, mon enfant, si nous devons rester sur cet écueil qui prolonge notre agonie. Il eût été facile de périr en sombrant avec la barque. Succomber à la soif et au froid, c’est plus long et plus grave. Soyons des hommes, allons ! Abstenons-nous de ce vin qui nous exalte et nous affaiblit, j’en suis sûr. J’ai lu