Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/43

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rale. Purpurin, attiré par la musique, vint embrasser les genoux de son maître en lui disant qu’il irait avec lui au bout du monde.

— Au bout du monde ! répondit mélancoliquement Bellamare, il me semble que nous y sommes assez comme ça.

— Un gage ! lui cria Impéria, on ne fait pas d’allusion ici. Purpurin a bien parlé, nous irons tous au bout du monde, et nous en reviendrons.

Elle se mit alors à chanter et à danser en nous prenant par la main, et nous suivîmes son exemple sans nous souvenir de rien et sans nous apercevoir de la faiblesse de nos jambes ; mais, quelques instants après, nous étions tous couchés et endormis sur la grève.

Je m’éveillai le premier. Impéria était près de moi. Je la saisis dans mes bras et l’embrassai passionnément sans savoir ce que je faisais.

— Qu’est-ce donc ? me dit-elle avec effroi, qu’est-ce qui nous arrive encore ?

— Rien, lui dis-je, sinon que je me sens mourir, et que je ne veux pas mourir sans avoir dit la vérité. Je vous adore, c’est pour vous que je me suis fait comédien. Vous êtes tout pour moi,