Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/223

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Je les tenais là, tous deux peut-être, ou j’allais les tenir dans un instant ! mais je ne voulais pas encore les briser. Aussi je fus content lorsqu’à la place de Tonino je vis Sixte More sortir de la grotte et venir à ma rencontre.

— Enfin vous y voilà !… me dit-il avec amertume. Vous avez trouvé leur piste et vous savez la vérité ; mais vous venez trop tard ; eux, ils n’y viennent plus. Moi qui connaissais cette grotte et qui croyais être seul à la connaître, car c’est ici chez moi, je voulais les y surprendre, leur faire honte, ameuter le pays contre eux ;… vous aviez refusé de faire vos affaires vous-même ! J’ai guetté tous les jours de cette semaine. Ils se sont doutés de quelque chose, ils n’ont pas reparu, et c’est ailleurs qu’il faut les chercher. Je chercherai.

— Je vous le défends.

— C’est votre droit, si vous voulez vous venger ; autrement, je garde le mien. Comment ferez-vous pour m’empêcher de l’exercer ? Dans votre monde, on se bat en duel, je crois ; nous ne connaissons pas cela, nous autres. Je ne veux vous faire aucune insulte et aucun mal. Si vous m’en faites, je me défendrai comme un homme qu’on attaque, et ce sera au plus fort d’assommer l’autre. Je sais que vous n’êtes pas un freluquet, mais je suis solide aussi, et aucun homme ne me fait peur. Vous voyez donc bien qu’il faut raisonner avec moi et ne pas essayer de commander ; ce serait ce qu’il y a de plus inutile.