Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/230

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— À la condition que, dans un mois, je verrai par vos yeux et agirai selon vos idées ? Je ne peux pas m’engager à cela. Battons-nous sur l’heure, ou jurez-moi que vous ne parlerez jamais, quelque chose que je dise et que je fasse.

— Se battre ici ! sans jour presque, et presque sans air ! sans espace aussi ; c’est un suicide à deux, monsieur Sylvestre.

— Les chances sont égales. Ôtez votre habit comme j’ôte le mien.

— Allons ! s’écria Sixte en bondissant, si je reculais, vous croiriez m’avoir fait peur, et je ne veux subir les commandements de personne. Je suis un homme riche et considéré, je ne permettrai pas qu’un monsieur me prime dans le pays. Battons-nous, et malheur à vous qui l’avez voulu !

Nous nous prîmes à bras-le-corps.

— Attendez, dit-il sans me lâcher, le plus fort poussera l’autre où il pourra.

— C’est convenu.

Il laissa retomber ses bras, il était pâle.

— Mourir sans sacrements, ça vous est égal ?

— Je suis en état de grâce.

— Jurons-nous au moins que celui qui tuera l’autre ne laissera pas son corps aux vautours et aux aigles !

— Au contraire, j’exige que vous laissiez mon corps où il tombera, et que vous vous sauviez.

Il ne pouvait me refuser une chance dont il pouvait profiter. Il se remit en posture de combat et tenta de