Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’aurons, nous l’aiderons avec la sape et la pioche à dégringoler… Non ! nous irons prudemment pour ne pas encombrer les ressauts du torrent, qui sont terribles, et puis je vois d’ici la presqu’île monter, monter comme par enchantement !… En dix ans, ce sera une montagne ou tout au moins une colline. On pourra l’endiguer convenablement. J’ai des pieux énormes, superbes ; la coupe de bois que j’ai achetée près du Simplon, et où vous avez travaillé pour moi, n’était pas destinée à autre chose. À présent, ma sœur ne dira plus que c’est de l’argent perdu à endiguer des galets. Nous aurons par an un mètre d’épaisseur de bonnes terres de bruyère ; nous…

— Attendez, vous allez vite ! Sachons les dégâts commis là-haut par le torrent chaque année. Cela est facile à établir ; allons-y en nous promenant.

— Je veux bien, mais je sais la chose. Je sais quelle était l’étendue de la prairie il y a vingt ans. Les eaux n’y passaient pas dans ce temps-là. Depuis qu’elles se sont frayé le passage par là, elle a diminué d’un quart. À présent, elle va s’en aller en bloc, la roche qui la porte est minée en dessous, on peut l’aider probablement. Allons-y, allons-y !

— Partons, lui dis-je en rentrant avec lui à la maison ; mais déjeunez auparavant et priez votre sœur de nous accompagner. Quand elle aura vu par ses yeux, elle comprendra, et vous aurez son approbation et son concours.

— Je ne sais pas de quoi il s’agit, répondit Félicie,