Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/121

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mon petit chien que vous venez me parler, mademoiselle ? Je vous attends.

MYRTO. — Oh ! vous pouvez bien attendre un peu. Dame ! je ne sais pas où commencer, moi ! Je ne comptais pas vous voir entrer comme ça en matière. Ça ne vous fait donc rien que je vienne vous parler de votre amant, moi qui suis sa maîtresse ?

DIANE. — Monsieur de Mireville n’est pas mon amant, mademoiselle. S’il est le vôtre, je ne vous le dispute pas.

MYRTO. — Bah ! vous ne l’aimez pas ? J’en étais sûre ! Eh bien, il ne se doute pas de ça, ce pauvre Gérard ! Il croit que vous êtes folle de lui !

DIANE. — J’ai beaucoup d’estime et d’affection pour monsieur de Mireville. Il est possible qu’un mariage entre nous en devienne un jour la preuve ; mais jusque-là, je ne m’arroge aucun droit sur lui, et il est libre d’avoir autant de maîtresses qu’il lui plaira.

MYRTO. — Et vous, autant d’amants…

DIANE. — Pourquoi cherchez-vous à m’insulter, mademoiselle ? Je vous parle, je crois, avec beaucoup de calme et de politesse !

MYRTO. — C’est vrai, madame de Noirac, vous êtes très-polie et très-douce ; mais, enfin, ce n’est pas pour échanger des cérémonies avec vous que je suis venue hier soir de Mireville par un temps de chien pour coucher dans un galetas. Je voulais vous prendre au saut du lit, comme on dit, parce que je sais que vous aimez la promenade ; et puis je serai peut-être bien aise que Gérard, qui vient ici tous les matins, m’y trouve arrivée avant lui.

DIANE. — Dites donc le but de votre visite.

MYRTO. — Bah ! vous le savez bien. Je l’ai dit à Jenny. Est-ce que tu ne le lui as pas dit, toi ?

JENNY. — Tu étais folle hier, ma pauvre Céline, et ce matin tu sens que tu as été ridicule. Conviens-en et laisse madame tranquille. Tu étais curieuse de la voir, tu voulais savoir si tu serais bien reçue. Tu as vu madame. Elle est belle et elle te parle avec bonté. Si tu n’as rien de bon à