Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

MYRTO. — Ils sont donc pompiers aussi eux ?

MAURICE. — Oui, pompiers volontaires. Mais puisque vous nous faites l’honneur de vouloir déjeuner avec nous, ne serait-il pas plus simple à vous, qui n’êtes pas installée ici, de venir chez nous, qui le sommes un peu plus ?

MYRTO. — Non ! ce ne serait pas convenable.

MAURICE. — Nous inviterions le curé !

MYRTO. — Le curé ! tiens, ça m’amuserait. Eh bien ! un autre jour. En attendant, venez, messieurs ; mon déjeuner est commandé ; il sera frugal, mais il s’agit de causer avant tout.

DAMIEN. — Ah !

MYRTO. — Oui, j’ai beaucoup de choses à vous dire ! Connaissez-vous madame de Noirac ? Lequel de vous lui fait la cour ?

EUGÈNE. — Aucun de nous ; nous ne lui avons jamais parlé.

MYRTO. — Tiens, vraiment ? Elle a des jolis garçons comme vous à sa porte et elle ne vous a pas encore invités ?

MAURICE. — Elle est ici depuis peu, et d’ailleurs nous ne sommes ni de sa caste, ni de son opinion, probablement.

MYRTO. — Ah ! oui, elle vous méprise ! Vous aimez à rire, n’est-ce pas ? des artistes ! Eh bien ! venez, je veux commencer par vous et vous raconter quelque chose…

MAURICE. — Vous offrirai-je mon bras ?

MYRTO. — Oui, mais plus vite que ça ; j’aime à marcher vite.

MAURICE. — Nous courrons, si vous voulez !

MYRTO. — Suivez-nous, suivez-nous, messieurs ! Qui m’aime me suive.

EUGÈNE, à Damien. — Dis donc, elle est bonne, cette lionne-là ? Étions-nous bêtes, hier soir ?

DAMIEN. — Mais non ! nous disions : C’est une dame du faubourg Saint-Germain qui fait la folle, ou une demoiselle du quartier Breda qui fait la dame.

EUGÈNE. — Que diable veut-elle nous conter ?

DAMIEN. — Maurice y va d’un train ! Ne faudrait-il pas ramener la pompe pour arrêter l’incendie ?