Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/142

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EUGÈNE, riant. — Volons au secours de l’innocence !

(Ils partent en suivant Maurice et Myrto à la course.)

PIERRE, revenant. — Ah ! que ça donne chaud ! Dites donc, père, qu’est-ce que c’est que c’te dame-là qui nous regardait ?

GERMAIN. — Ça ? c’est une couratière qui vient voir les artistes.

PIERRE. — Est-ce qu’elle t’a parlé, Maniche ? Je ne veux pas que tu causes avec cette fille-là.

MANICHE. — Ma fine, je crois que tu as raison, mon Pierre.

GERMAIN. — C’est égal, huit cents francs une pompe comme ça, c’est cher.

PIERRE. — Bah ! vous n’en payez pas gros pour votre part, mon père.

GERMAIN. — Non, mais ça fait de la peine de voir dépenser tant d’argent à la fois ! Dire qu’on aurait seize bonnes boisselées de terre pour une machine qui ne pèse pas une cuvée de vendange !

COTTIN. — Et si ça vous sauve une grange de trois mille francs ?

GERMAIN. — Oui, si ça la sauve !…

LE BORGNOT. — Moi, j’en suis content, de la pompe : j’ai ma maison qui est couverte en chaume !




SCÈNE VI


Dans le Jardin de Noirac


JENNY, FLORENCE.

JENNY. — Oui, je vous cherche. Je ne sais si je suis folle, je ne sais si je fais mal, mais il me semble que c’est Dieu qui me pousse vers vous.

FLORENCE. — Mon Dieu, Jenny, quel chagrin avez-vous, et que puis-je faire pour vous ?

JENNY. — Ah ! mes propres chagrins, j’ai appris à les