Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/175

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MADAME CHARCASSEAU, vivement. — Quoi ? quoi ? qu’est-ce qu’il y a ?

EULALIE. — La levrette qui gratte là-bas à la porte du pavillon !

MADAME CHARCASSEAU. — Eh bien, qu’est-ce que ça me fait ? Est-elle sotte, celle-là ! Je croyais qu’elle avait vu quelque chose !

EULALIE. — Allons donc regarder ce qu’il y a dans ce pavillon !

MONSIEUR CHARCASSEAU. — Ça ? c’est le logement du jardinier ! Qu’est-ce que vous voulez trouver là d’intéressant ?

MADAME PATURON. — C’est tout de même drôle, comme cette levrette pleure et gratte à la porte !

MONSIEUR CHARCASSEAU. — C’est probablement la chienne d’un des jardiniers de la maison.

MONSIEUR MALASSY, — Non. Je connais cette bête. C’est la levrette de monsieur Gérard, le marquis de Mireville, vous savez bien ?

MADAME CHARCASSEAU. — Ah ! c’est donc vrai qu’il vient ici tous les jours ? (À madame Paturon et baissant la voix pour qu’Eulalie n’entende pas.) Savez-vous, ma petite, qu’on dit que c’est l’amant de la dame de Noirac ?

EULALIE, qui a entendu. Ah !… Je voudrais bien les rencontrer ensemble, pour voir quelles mines ils se font !

MADAME CHARCASSEAU. — Eulalie, allez donc plus loin quand je ne parle pas pour vous. (À monsieur Charcasseau.) Si ta fille continue, elle aura le diable au corps.

POLYTE. — Venez donc voir ! venez donc voir la levrette qui ronge la porte !

MONSIEUR CHARCASSEAU. — Ah ! Cette pauvre petite bête ! Ça fait de la peine ! Il faut lui ouvrir.

POLYTE. — J’ai bien essayé, mais c’est fermé en dedans !

MADAME CHARCASSEAU. — Voyons si c’est bien fermé. Tiens, comme c’est barricadé ! Il paraît qu’ils ont des secrets partout, ici !

MADAME PATURON. — Dites donc ! vous savez à qui est la chienne ?