Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/212

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DAMIEN. — As-tu vu le père Jacques, comme il riait de bon cœur ? Il est décidément très-gentil, ce philosophe !

EUGÈNE. — Avec tout cela, vous riez, et notre ami le jardinier est tombé dans les pièges de Satan.

MAURICE. — Eh bien, tant mieux pour lui !

DAMIEN. — Croyez-vous qu’en effet, la Myrto l’ait pris jusqu’au bout pour un capitaliste ?

EUGÈNE. — Dame ! il a reconquis les lettres !

DAMIEN. — Heureux coquin ! Palsambleu, messeigneurs, il me vient une idée !… Si nous allions inviter aussi la lorette à notre représentation ?

MAURICE. — C’eût été un joli tour à faire à la lionne, si elle nous eût mal reçus ; mais elle été charmante, et nous avons juré sur le Rutly ! Et puis j’ai diablement froid en pierrot !

EUGÈNE. — Et moi en berger. N’importe ! nous sommes beaux dans le brouillard ! Je voudrais nous voir passer. Nous n’allons pas frapper à la maison blanche, pour voir ce qui s’y passe ?

DAMIEN. — M’est avis, mon bon, que nous y serions de trop. Crois-tu que Florence va trier et étiqueter de la graine de réséda, ce soir ? Il pense bien à autre chose !

(Ils passent)

MANICHE, à Marguerite. — Les voilà qui s’en vont du côté de la rivière. Je gage que c’est monsieur Maurice avec ces autres badins ?

MARGUERITE. — Oui, v’là ce que c’est ! Étions-nous sottes d’avoir une frayeur comme ça ! Tiens, vois ! ils passent au long du cimetière. Ça ne leur fait rien, à eux !

MANICHE. — Je vas m’en aller derrière eux. Tant que je les entendrai rire, je n’aurai point peur ! Bonsoir, ma vieille !

(Elle s’en va.)

MARGUERITE. — À demain, ma mignonne. (Marguerite fait quelques pas seule et s’arrête.) Allons ! qu’est-ce que c’est que ça, encore ?

MYRTO. — C’est moi, ma bonne femme. Avez-vous fait ce que je vous ai dit ?