Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/22

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effet… Ah ! cela est plein de bouts de fil et de chiffons que ma femme sera contente d’avoir pour compléter la couchette de ses petits. Je les lui porterai. Aide-moi à tirer celui-ci…

LA FAUVETTE. — Quelque chose vient dans le bois ! partons !

(Ils s’envolent.)


LE PÈRE GERMAIN et SON FILS arrivent.

GERMAIN. — Dis donc, Pierre, faut faire signer ça, toi, le bail, puisque tu sais écrire ! Celui qui sait signer en sait long ; il ne peut plus être affiné.

PIERRE. — Vous vous trompez, mon père ; on triche dans les papiers signés tout comme dans les paroles données. Celui qui veut tricher, triche ! Quand le cœur n’y est pas, que voulez-vous ?

GERMAIN. — Bah ! c’est un bon maître, monsieur le marquis ; il ne voudrait pas nous tromper.

PIERRE. — Un bon maître… un bon maître ! y en a-t-il, des bons maîtres ?

GERMAIN. — Un maître, c’est toujours un maître ; mais enfin puisqu’il en faut, des maîtres !

PIERRE. — Il en faut ? Il n’en faudrait point, que je dis.

GERMAIN. — Voilà que tu dis comme M. Jacques. Il n’en faudrait point ! Mais il est bête, il est sot, il est fou, M. Jacques ! Le jour où il n’y aura plus de maîtres, tout le monde le sera.

PIERRE. — Eh bien, c’est ce qu’il faudrait ! Ça vous fâcherait donc, mon père, d’être le maître chez nous ?

GERMAIN. — Je le suis et prétends l’être tant que je vivrai. Eh bien, ça irait drôlement, à la maison, si je n’y commandais point !

PIERRE. — Oui, mais passez la porte et vous êtes valet. Celui qui n’a pas assez de moyen ni de connaissance…

GERMAIN. — Que veux-tu ? Oui, on est commandé parce qu’on est simple ! Mais à quoi ça sert-il de souhaiter re-