Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/289

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fâché qu’elle ne soit pas plus belle ; mais ce n’est pas ma faute on n’est pas millionnaire !

RALPH. — Ma femme et mes filles sont habituées à une vie simple et aux habitations modestes qu’un climat généreux autorise. Je vois que votre maison est bien close ; c’est tout ce qu’il faut dans ce pays-ci. Je ne veux pas vous parler d’argent puisque cela vous chagrine. Eh bien, si vous le permettez, je ferai arranger la maison d’une manière confortable, si ma femme, comme j’en suis presque certain, prend plaisir à s’y installer pour quelque temps, et ceux qui nous succéderont ici profiteront de ces petites améliorations.

MAURICE. — Vous ferez tout ce que vous voudrez, monsieur Brown. Ah çà ! vous avez donc des enfants ?

JACQUES. — Deux filles belles et bonnes, deux anges, à ce que j’ai ouï dire ; mais la modestie paternelle de Ralph s’oppose à ce qu’il nous les vante.

RALPH. — Mais non ! Pourquoi ? Elles ressemblent à leur mère ; elles ont été élevées par elle : c’est dire qu’elles sont parfaites à mes yeux,

MAURICE. — Il n’y a qu’une chose qui me chagrine, c’est que leur arrivée ne vous permettra peut-être pas de venir à notre comédie. J’ai laissé Émile, Eugène et Damien brochant le second acte, et ils m’attendent pour faire le troisième. Leur porterai-je ce coup de poignard, de leur dire que vous ne serez pas à notre représentation ?

RALPH. — J’espère bien que nous y serons, au contraire. Ma femme est matinale, je suis bien sûr qu’elle se sera mise en route de bonne heure, et qu’elle arrivera à temps pour dîner et aller au spectacle que vous nous préparez.

MAURICE. — Avec vos filles ? Ah ! pour le coup, il faut que les marionnettes se surpassent aujourd’hui. Je cours surveiller ça. Au revoir ! À huit heures, vous savez !

(Il sort.)


JACQUES, RALPH.

RALPH. — J’aime ce jeune homme, il est franc, et sa gaieté soutenue est l’indice certain d’une conscience tranquille.