nous traiter comme des petits garçons ? Non, non, soyez tranquille, Monseigneur est homme d’esprit, et dans son dernier mandement…
MAROTTE, à Bathilde. — Vous en buvez donc tant que vous voulez, vous, du vin muscat ?
BATHILDE. — Hélas ! oui, mais ça s’épuise, et si monsieur le marquis n’épouse pas votre dame, il n’y aura pas moyen de remonter la cave sur un bon pied.
MAROTTE. — Ah bah ! madame l’épousera, allez ! Elle le bouscule, mais elle ne peut pas s’en passer. Moi, je voudrais que ce fût lui. C’est un homme très-doux, et nous aurions un bon maître.
BATHILDE. — Très-doux ? pas toujours ! C’est une soupe au lait !
MAROTTE. — Ah bah ! on lui mettra du sucre dedans, et la soupe se mitonnera tout doucement sur le feu.
RALPH, à Jacques. — Je ne m’en inquiète pas, je vous jure. S’il y avait quelque parole légère, mes filles ne la comprendraient pas.
JACQUES. — Il n’y en aura pas ; les paroles seront chastes par respect pour les oreilles chastes.
RALPH. — Oui, je le crois. La chasteté ! Ah ! que ce progrès dans les mœurs ferait de miracles dans les institutions !
JACQUES. — Eh ! mon Dieu, mon ami, c’est ce que nous disions à propos du mariage. Les hommes veulent un sexe chaste pour le mariage, et un sexe impudique pour leurs plaisirs ! Et ils osent vous dire qu’il faut des femmes débauchées pour qu’il y ait des femmes honnêtes.
RALPH. — C’est comme s’ils disaient qu’il faut qu’il y ait des fripons pour qu’il y ait des honnêtes gens.
COTTIN, au Borgnot. — Je voudrais que ça soye déjà commencé. Je suis sûr que ça va être encore plus joli que la dernière fois.
LE BORGNOT. — C’est toutes les fois plus joli ! Ils s’inventeriont le diable !
MADAME BROWN, à ses filles. — Vous n’avez pas froid, mes enfants ?