c’est pour l’avoir méconnu que l’homme a presque perdu la foi en Dieu et en lui-même, c’est-à-dire la puissance du bien… Mais nous voici à l’entrée du village de Noirac. Comment cela se fait-il ? Je devrais être à deux lieues d’ici !
JACQUES. — Nous sommes revenus sur nos pas sans nous en apercevoir. Et tenez, croyez-moi, rentrons et passez encore un jour avec moi. Il me semble que nous n’avons pas encore trouvé une conclusion qui nous soit tout à fait salutaire, et il ne faut pas que deux vieux raisonneurs comme nous se quittent sans s’être fait mutuellement tout le bien dont ils étaient capables.
RALPH. — Vous avez raison. Rentrons chez vous. Ma femme me dira que j’ai bien fait de profiter de votre amitié.
SCÈNE II
GERMAIN. — Pardon-excuse si on vous dérange, monsieur le marquis, mais on voudrait, si ça ne vous dérange pas, vous faire signer le bail avec mon fils.
GÉRARD. — Signer ? Un moment, maître Pierre, j’ai à vous parler là-dessus.
GERMAIN. — Est-ce que toutes les conditions ne sont pas réglées ? Dieu du ciel ! nous faire donner deux cents écus de menus-suffrages pour une métairie qui ne rapporte pas mille écus de blé ! Ah ! n’en demandez pas davantage, monsieur le marquis, car je serais forcé de dire à mon fils de se retirer de cette affaire-là !
GÉRARD. — Il ne s’agit pas d’augmentation à vos redevances…
GERMAIN. — Des redevances ? Vous voulez des redevances ?