Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’homme le plus incapable qui fût au monde d’aller voir une femme inconnue avec l’intention de lui plaire.

— Tâchez donc, mon fils, dit la marquise au duc dès le lendemain de son arrivée, de le faire revenir de cette sauvagerie. Moi, j’y perds mon latin !

Le duc tenta l’entreprise, et trouva son frère incertain, nonchalant, ne disant pas non, mais se refusant à toute démarche, et disant qu’il fallait attendre un hasard qui lui ferait rencontrer la personne ; que si elle lui plaisait, il tâcherait de savoir plus tard si elle n’avait pas d’éloignement pour lui. Il n’y avait rien à faire pour le moment, puisqu’on était à la campagne. Rien ne pressait, il ne se sentait pas plus malheureux que de coutume, et il avait beaucoup à travailler.

La marquise s’impatienta de ces atermoiements et continua d’écrire, prenant le duc pour secrétaire dans cette affaire, qui n’était pas du ressort de Caroline.

Le duc, voyant clairement que, pendant six grands mois, ce mariage ne pourrait avancer d’un pas, revint à l’idée de distraire provisoirement le marquis par un roman à la campagne. L’héroïne était sous la main, et elle était charmante. Elle souffrait peut-être un peu du refroidissement très-visible de M. de Villemer. Le duc s’attacha à savoir la cause de ce refroidissement. Il échoua absolument, le marquis fut impénétrable. Les questions de son frère parurent l’étonner