Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/13

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que je serais un excellent secrétaire, et elle me congédia en me tendant la main et en me disant de très-bonnes paroles. Je lui ai demandé la journée de demain pour voir les quelques personnes que nous connaissons ici, et elle a donné des ordres pour que je fusse installée samedi…

Chère sœur, on vient de m’interrompre. Quelle douce surprise ! c’est un billet de madame de Villemer, un billet de trois lignes que je te transcris :

« Permettez-moi, chère enfant, de vous envoyer un petit à-compte pour les enfants de votre sœur et une petite robe pour vous. Puisque vous aimez la toilette, il faut bien compatir aux faiblesses des gens qu’on aime ! Il est réglé et entendu que vous aurez cent cinquante francs par mois, et que je me charge de vos chiffons. »

Comme cela est bon et maternel, n’est-ce pas ? Je vois que j’aimerai cette femme-là de tout mon cœur, et que je ne l’avais pas assez bien jugée à première vue. Elle est plus spontanée que je ne pensais. Le billet de cinq cents francs, je le mets dans cette lettre. Vite ! du bois dans la cave, des jupons de laine à Lili, qui en manque, et un poulet de temps en temps sur cette pauvre table. Un peu de vin pour toi, ton estomac est tout délabré, et il en faudra si peu pour le remettre ! Il faut aussi faire arranger la cheminée de la chambre, qui fume atrocement ; ce n’est pas supportable, cela peut fatiguer les yeux des enfants, et ceux de ma filleule sont si beaux !