Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/142

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— Tant mieux, mon fils, dit la marquise avec une nuance imperceptible de reproche que le duc sentit aussitôt, car il se hâta d’ajouter :

— Je serai complètement heureux le jour où mon frère fera le mariage en question, et il le fera, n’est-ce pas, chère maman ?

Caroline fit un mouvement pour regarder la pendule. — Non, non ! elle va bien, dit la marquise. Il n’y a pas de secrets pour vous désormais, chère petite, et vous devez apprendre que j’ai reçu de bonnes nouvelles aujourd’hui relativement à un grand projet que j’ai pour mon fils. Si je ne me suis pas servie de votre belle main pour traiter la chose, c’est pour de tout autres raisons que la méfiance. Tenez, lisez-nous cette lettre que mon fils aîné ne connaît pas.

Caroline eût voulu s’abstenir de regarder aussi avant dans les secrets de la famille et dans ceux du marquis particulièrement. Elle hésita : — Monsieur le marquis n’est pas ici, dit-elle ; j’ignore s’il approuvera, pour son compte, toute la confiance dont vous m’honorez…

— Oui certes, répondit la marquise. Si j’en doutais, je ne vous prierais pas de lire. Allons, très-chère !

Il n’y avait pas trop à répliquer avec la marquise Caroline lut ce qui suit :

« Oui, chère amie, il faut que cela réussisse, et cela réussira. Il est vrai que la fortune de mademoiselle de X… s’élève à quatre millions tout au moins, mais elle le sait et n’en est pas plus fière. Au contraire.