Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/157

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pas votre premier essai ; mais je veux que quelqu’un vous suive à cheval : le vieux André par exemple. Il est bon écuyer, et il a un cheval sage contre lequel vous pourrez changer le vôtre, s’il est trop fou.

— Oui, oui, c’est cela ! dit le duc. André sur la vieille Blanche, c’est parfait. Moi je surveillerai le départ, et tout ira bien.

— Mais une selle de femme ? dit à son tour le marquis, indifférent en apparence à ce projet hippique.

— Il y en a une, je l’ai vue à la sellerie, répondit vivement le duc, je cours commander tout cela.

— Et une robe d’amazone ? dit la marquise.

— La première jupe longue suffira, dit Caroline, portée tout à coup à braver l’air malveillant du marquis et à se soustraire à sa présence. La marquise l’autorisa à faire ses préparatifs, et appuyée sur son second fils, elle alla au-devant des visites qui arrivaient.

Quand mademoiselle de Saint-Geneix descendit l’escalier tournant de la tourelle qui attenait à son appartement, elle trouva le cheval tout sellé, tenu par le duc en personne, devant la petite porte à ogive qui donnait sur le préau. André était là aussi, monté sur une vieille porteuse de choux d’une maigreur proverbiale et très-misérablement équipée, car l’écurie était en complet désarroi. On ne pouvait plus se permettre que le nécessaire, et le nécessaire même, on n’avait pu encore l’organiser. Le marquis, gêné au delà de ce qu’il voulait avouer, s’était retranché sur