Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son imprévoyance, et le duc, devinant la vérité, avait déclaré que, pour son compte, il aimait mieux chasser à pied pour combattre son embonpoint.

Équiper le Jacquet (c’était le nom du poulain de ferme élevé depuis douze heures à la dignité de cheval de selle) n’avait pas été une petite affaire, et André, éperdu de cette fantaisie, n’aurait pas été prompt à trouver la selle de femme et à la mettre en état de service. Le duc avait tout fait lui-même en un quart d’heure, avec une prestesse et une habileté émérites ; il était en nage, et Caroline fut assez confuse de le voir lui tenir le pied pour la mettre en selle, arranger la gourmette et resserrer les sangles comme un jockey de profession, riant du désaccord de toutes ces choses, et en prenant son parti gaiement, avec mille attentions d’une prudence fraternelle.

Quand mademoiselle de Saint-Geneix, après l’avoir cordialement remercié, lança sa monture au trot, en le suppliant de ne plus s’inquiéter d’elle, le duc renvoya André, sauta lestement sur la porteuse de choux, lui mit les éperons dans le ventre, et suivit résolument Caroline sous les ombrages du parc.

— Comment, c’est vous ? lui dit-elle en s’arrêtant après la première pointe ; vous, monsieur le duc, monté là-dessus et prenant la peine de m’escorter ! Non, ce n’est pas possible, je ne le souffrirai pas, retournons.

— Ah çà ! lui répondit-il, est-ce que vous avez peur de vous trouver seule avec moi à présent ? Ne