Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gance de son corsage et le brillant sourire de sa bouche candide, se sentit venir des éblouissements. Diable de parole d’honneur que je me suis laissé arracher ans méfiance ! se dit-il. Qui m’eût assuré que j’aurais tant de peine à te tenir ? — Mais il fallait que Caroline se livrât la première, et le duc lui fit faire en vain un nouveau tour de parc au pas, pour laisser souffler les chevaux ; elle causa avec une liberté d’esprit et une bienveillance générale qui n’admettaient l’idée d’aucune souffrance exaltée.

— Ah ! c’est comme cela ? pensa-t-il au moment de recommencer le temps de galop. Tu crois que je vais me disloquer les jointures sur cette bête de l’Apocalypse pour causer ni plus ni moins que sous l’œil maternel ? À d’autres ! Je vais contrister ta tranquille gratitude par une retraite qui te donnera à réfléchir.

— Ma chère amie, dit-il à Caroline, — il se permettait quelquefois ce mot-là d’un ton de bonhomie aimable, — vous voilà bien sûre de Jacquet, n’est-ce pas ?

— Parfaitement sûre.

— Il n’a pas le moindre caprice ? il ne gagne pas à la main ?

— Pas du tout.

— Eh bien ! si vous le permettez, je vous abandonnerai à vous-même, et je vous enverrai André à ma place.

— Faites, faites ! répondit vivement Caroline, et même n’envoyez personne. Je ferai encore un tour, et