Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/195

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le saviez si mal, comment l’avez-vous quitté cette nuit ? Et puisque vous comptiez sur mes soins, pourquoi ne m’avez-vous pas avertie ?

— Que s’est-il donc passé ? dit le duc, qui vit qu’ils ne s’entendaient pas. — Elle lui raconta en trois mots l’événement, et comme, préoccupé de ce qu’il apprenait, il la reconduisait, à travers le préau, jusqu’à l’escalier du Renard, madame d’Arglade, qui était déjà debout derrière sa croisée, les vit passer, causant à voix basse, d’un air d’intimité mystérieuse. Ils s’arrêtèrent devant la porte, et là ils se parlèrent encore. Le duc raconta à mademoiselle de Saint-Geneix la tentative qu’il avait faite pour amener un médecin à voir son frère, et Caroline le dissuada de cette pensée. Elle croyait que la consultation lue par elle suffirait, et qu’il serait fort imprudent de suivre une nouvelle marche quand on avait eu de la première des résultats certains. Le duc lui promit vivement de se conformer à son avis, d’avoir confiance par conséquent. Madame d’Arglade les vit se serrer la main, et le duc, retournant sur ses pas, remonter l’escalier du Griffon.

— Eh bien ! j’en ai assez vu, pensa Léonie, et je n’ai que faire d’aller courir dans la rosée, que je n’aime pas du tout ; je peux dormir la grasse matinée. Et en se rendormant : — Cette Caroline ! se disait-elle ; je voyais bien qu’elle mentait ! Comme c’était probable que le duc lui laisserait conserver sa vertu ! mais je le tiens, son beau secret ! et si j’ai jamais