Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/211

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madame de Villemer, qu’elle ne peut se tenir d’en faire part ou d’en insinuer quelque chose à tous ses vieux amis, après quoi elle fait ses réflexions, reconnaît que c’est imprudent d’en tant parler, qu’il ne faut pas compter sur la discrétion de tant de personnes, et nous jetons au feu les lettres qu’elle vient de me dicter. C’est ce qui fait qu’elle me dit souvent : — Bah ! n’écrivons pas. J’aime mieux ne rien dire que de ne pas parler de ce qui m’intéresse.

« Quand elle a des visites, elle me fait signe que je peux aller rejoindre le marquis, car elle sait maintenant que je prends des notes pour lui. La maladie passée, je n’ai pas cru devoir faire du mystère à propos d’une chose si simple, et elle me sait gré d’épargner à son fils quelques parties fatigantes de son travail. Elle est fort curieuse de savoir ce que c’est que cet ouvrage si bien caché mais il n’y a guère de danger que j’en trahisse quelque chose, puisque je n’en connais pas le moindre mot. Je sais que nous sommes dans l’histoire de France pour le moment, et plus particulièrement à l’époque de Richelieu ; mais ce que je n’ai pas besoin de dire, c’est que je pressens un grand désaccord d’opinions entre le fils et la mère sur une foule de choses graves.

« Ne me plains pas d’avoir assumé sur moi une double tâche, et d’avoir, comme tu dis, pris deux maîtres au lieu d’un. Avec la marquise, la tâche est sacrée, et j’y porte de l’affection ; avec son fils, la tâche est douce, et j’y porte cette sorte de vénération