Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/242

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l’amie de ma mère pour me laisser faire fausse route !

— Oui, oui, c’est cela ! Je ne dois pas vous laisser faire fausse route, j’en serais désolée, et il faut que vous sachiez tout de suite où les choses en sont. On trouve le duc charmant, et vous…

— Et moi absurde ? Allons ! soyez bonne jusqu’au bout.

— Vous, on ne vous trouve pas, on ne vous voit pas, on ne regarde, on n’entend que le duc ! Si je ne savais pas à quel point vous chérissez votre frère, je ne vous dirais pas cela…

Je rassurai si vivement la duchesse, je lui exprimai tant de joie à l’idée que mon frère pouvait m’être préféré, qu’elle reprit : — Eh bien ! mon Dieu ! nous voici dans un roman ! Croyez-vous donc que quand on saura que c’est le duc qui plaît, on ne jettera pas les hauts cris ?

— Qui donc criera ? Vous, madame la duchesse ?

— Moi peut-être, mais elle à coup sûr ! Voyons, il faut que tout ceci s’éclaircisse. Venez avec moi voir ce qui se passe, nous ne pouvons pas nous séparer sur un quiproquo.

— Non, non, répondis-je à la duchesse, il faut que vous m’entendiez d’abord. J’ai à plaider ici une cause qui m’est cent fois plus chère que la mienne. Vous avez dit un mot qui m’alarme, qui m’affecte, et que je vous supplie de rétracter. Vous paraissez portée à vous prononcer contre mon frère dans le cas où votre aimable filleule lui pardonnerait de n’être pas moi.