Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/245

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Diane est une naïve et adorable petite coquette, une vraie pensionnaire, un peu ivre de son entrée prochaine dans le monde, et s’apprêtant, dans l’intimité de la famille, à faire tourner bien des têtes en attendant que la sienne tourne aussi mais c’est encore trop tôt !… Demain matin, quand elle aura réfléchi… Et puis on lui dira tant de mal de moi !

— Demain soir, tu la reverras, dit le marquis, et tu sauras fort bien combattre les mauvaises influences, s’il y en a autour d’elle, ce que je ne crois pas. Ne te fais pas plus intéressant que tu ne l’es, monsieur mon frère ! D’ailleurs la duchesse est pour toi à présent, et elle ne t’a pas laissé partir sans te dire : À bientôt ! Nous sommes ici tous les soirs ; nous n’entrons dans les fêtes qu’après l’Avent, ce qui signifie en bon français : « Nous avons encore un grand mois avant que ma fille et ma filleule ne voient le monde. C’est à vous de plaire avant que l’on ne se grise avec le bal et les toilettes. Nous ne recevons guère de jeunes gens, et c’est à vous d’ailleurs d’être le plus jeune, c’est-à-dire le plus pressé et le plus heureux. »

— Mon Dieu, mon Dieu ! dit la marquise, je crois faire un rêve, mon pauvre duc ! Et moi qui ne pensais pas à toi ! Moi qui me figurais que tu avais attrapé tant de femmes que tu ne pourrais plus en rencontrer une assez simple,… assez généreuse,… assez sage après tout, car te voilà corrigé, et je jurerais que tu rendras la duchesse d’Aléria parfaitement heureuse…