Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/280

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— Eh ! ma mère, il s’agit bien de cela ! Vous me cachez quelque chose ! C’est Caroline qui est malade. Elle est ici, j’en suis sûr ! Laissez-moi m’informer de votre part…

— Vous voulez donc la compromettre ? Ce ne serait pas le moyen de la disposer en votre faveur !

— Elle est donc bien mal disposée ? Ma mère, vous lui avez parlé !

— Non ! je ne l’ai pas vue ; elle est partie ce matin…

— Vous disiez que le billet était de ce soir.

-Je l’ai reçu… tantôt, je ne sais quand ; mais ces questions sont peu aimables, mon enfant ! De grâce calmez-vous, on nous regarde !

La pauvre mère ne savait pas mentir. L’effroi et la douleur de son fils passaient dans son âme. Elle lutta une heure contre ce spectacle. Chaque fois qu’il s’approchait d’une porte, elle le suivait des yeux avec crainte, croyant qu’il partait ; leurs regards se rencontraient, et le marquis restait, enchaîné par l’air d’anxiété de sa mère. Elle n’y put tenir longtemps. Elle était brisée par la fatigue des émotions endurées depuis vingt-quatre heures, par le mouvement des fêtes qu’elle avait voulu animer de son esprit et de sa gaieté depuis plusieurs jours, et surtout par la violence qu’elle se faisait depuis le dîner pour paraître calme. Elle se fit reconduire à son appartement, et s’évanouit dans les bras du marquis, qui l’y avait suivie.

Urbain lui prodigua les plus tendres soins, se re-