Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/282

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répondit qu’on ne l’avait pas vue depuis cinq jours. Il retourna encore à l’hôtel de Xaintrailles, il attendit le soir ; sa mère paraissait toujours souriante, il se contint. Enfin le lendemain, à bout de forces, il sanglota à ses pieds, la suppliant de lui rendre Caroline, qu’il croyait cachée au couvent par son ordre.

Madame de Villemer ne savait réellement plus rien ; elle commençait à partager l’inquiétude de son fils. Cependant Caroline n’avait emporté qu’un très-mince paquet de hardes ; elle devait avoir fort peu d’argent, puisqu’elle envoyait tout à mesure à sa famille ; elle avait laissé ses bijoux, ses livres, elle ne pouvait pas être loin.

Pendant que le marquis retournait encore au couvent avec une lettre de sa mère, qui, de bonne foi et vaincue par sa douleur, cherchait à lui faire retrouver Caroline, celle-ci, enveloppée et voilée jusqu’au menton, descendait d’une diligence venant de Brioude, et, portant elle-même son paquet, elle se dirigeait seule le long du boulevard pittoresque de la ville du Puy en Velay, vers le bureau d’une autre petite voiture publique qui partait à cette heure-là pour Issingeaux.

Personne ne vit sa figure et ne songea à s’en inquiéter. Elle ne faisait point de questions et paraissait connaître parfaitement les habitudes du pays et les localités.

Elle y venait pourtant pour la première fois ; mais, résolue, active et avisée, elle avait acheté, en sortant